Suisse : un policier lausannois a été reconnu coupable d'abus d'autorité

Publié le 25 février 2011
Le Tribunal d'arrondissement de Lausanne a reconnu jeudi un policier coupable d'abus d'autorité et l'a condamné à sept jours-amende avec sursis. Le brigadier, a relâché de nuit un jeune homme près du bois de Sauvabelin, sur les hauts de la ville. Ce jugement contraste avec plusieurs affaires précédentes lors desquelles des policiers, également mis en cause pour abus d'autorité ou violences, avaient été acquittés.

Les bois de Sauvabelin se situent au dessus de la ville de Lausanne

Les faits jugés se sont passés le 8 février 2010 en Suisse à 2 heures du matin. Le brigadier, alors membre de la brigade chargée de lutter contre le trafic de drogue, décide de contrôler un Tchadien. Ce dernier s'enfuit à la vue de la police avant d'être arrêté et emmené au poste de police. Après une fouille et un contrôle qui ne montrent rien de suspect, le brigadier demande au jeune homme pourquoi il a fui à la vue de la police. Ce dernier répond en souriant qu'il aime courir, ce à quoi le policier lui déclare vouloir « l'emmener dans un endroit où il pourra s'adonner à ce sport ».

Les policiers embarquent alors le jeune homme et le déposent à la place des fêtes de Sauvabelin sur le coup des 3 heures du matin. Dans son périple de retour, l'homme se perd et appelle le 117 pour demander de l'aide. Ce message est entendu par un supérieur, qui demande des explications aux trois policiers puis alerte sa hiérarchie sur cette affaire.

Alors chef de la patrouille, le brigadier ne conteste pas les faits et admet « avoir commis une faute » tout en contestant l'abus d’autorité. Son avocat a de fait plaidé que son comportement était fautif, mais n'avait rien de pénal : « il n’y a eu ni coercition, ni abus d’autorité ». Pour le Ministère public, par contre, la volonté de brimade est claire. Le procureur a ainsi requis 10 jours amende à 100 francs, avec sursis pendant deux ans, argumentant qu'il y avait bien eu « dessein de nuire à autrui, même si ce n’est pas grandement ».

Le brigadier a finalement été condamné à sept jours-amende à 85 francs, avec un sursis de deux ans. Cette décision s'ajoute aux mesures administratives déjà prises par sa direction qui l'a suspendu depuis le mois de juin. L'avocat du policier a annoncé vouloir faire recours de cette décision, tout en attendant de recevoir le verdict motivé de la Cour.

Cette affaire fait suite a plusieurs comparaisons de policiers lausannois dans le derniers mois pour des motifs similaires : il y a une semaine, un policier de 32 ans a été acquitté après avoir été jugé pour avoir donné un coup de poing à un homme ligoté qui l'avait insulté. En décembre 2009, des policiers avaient été accusés d'avoir déposé un jeune Erythréen près de Sauvabelin et aspergé de spray au poivre. Ils avaient également été acquittés.

Sources