Suisse : une initiative populaire veut geler l'adhésion à l'Union européenne pour 10 ans

Publié le 24 novembre 2010
En réaction aux pressions mises par l'Union européenne (UE) sur la Suisse, un comité alémanique a lancé cette semaine une initiative populaire demandant le gel des négociations en vue d'une adhésion pendant au moins 10 ans. Les initiants ont maintenant 18 mois pour récolter les 100 000 signatures nécessaires.

Le moratoire demandé pourrait ensuite être étendu

Les membres du comité se sont présentés mardi devant la presse. Composé uniquement de membres alémaniques du Parti libéral-radical (PLR) et de l'Union démocratique du centre (UDC), ce comité, qui se définit comme « politiquement indépendant », est dirigé par le député du canton de Zurich Hans-Peter Portmann, défenseur de la place financière zurichoise.

Les membres du comité ont déclaré pendant leur conférence de presse avoir lancer cette initiative à la suite des déclarations de l'EU selon lesquelles les accords bilatéraux n'auraient pas d'avenir et aux pressions et « mesures discriminatoires » prises, selon Hans-Peter Portmann, par certains pays dont l'Italie « dans le but d'amener peu à peu à une adhésion de fait de la Suisse à l'UE ». Ainsi, le comité s'oppose à la reprise automatique de l'acquis communautaire exigé par les instances politiques européennes. Selon les initiants, ce texte suit un double but : il veut tout d'abord faire pression sur le Conseil fédéral pour que celui-ci s'oppose à tout nouvel accord rapprochant encore plus la Suisse de l'UE, mais il veut également pousser les partis politiques de droite « qui s'opposent à l'adhésion mais qui ont encore à prouver que leur opposition ne se réduit pas à des mots creux » à prendre position.

Malgré le manque de soutien de grandes organisations, les initiants sont confiants dans leurs chances de réunir les 100 000 signatures nécessaires pour le dépôt de l'initiative jusqu'au 23 mai 2012. Ils comptent en effet sur les élections fédérales de 2011, où le thème des rapports entre la Suisse et l'Europe sera forcément abordé, pour « générer un mouvement populaire ». La tâche sera cependant rendue difficile par le refus exprimé du PLR et de l'UDC de soutenir ce projet : si le premier considère l'initiative « inutile » vu le moratoire de fait sur le sujet, le second n'y voit qu'une opération publicitaire « de radicaux zurichois pour récupérer les opposants à l’adhésion à l'UE ».

Sources