Tonga : envoi de troupes australiennes et néo-zélandaises pour restaurer l'ordre après les émeutes

John Howard, Premier ministre australien Helen Clark, Premier ministre néo-zélandaise
John Howard
(Australie)
Helen Clark
(Nouvelle-Zélande)
dirigeants des deux puissances régionales
Localisation des îles Tonga
Localisation des îles Tonga
Carte des îles Tonga
Carte des îles Tonga

Publié le 18 novembre 2006
Après des émeutes survenues jeudi à Nuku'alofa, capitale de l'archipel des Tonga, qui ont fait huit morts et causé le saccage puis l'incendie de nombreux bâtiments officiels, magasins et immeubles de bureaux, le Premier ministre australien, John Howard, et son homologue néo-zélandaise, Helen Clark, ont annoncé, vendredi 17 novembre 2006 à Hanoï (Viêt Nam), en marge du sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), l'envoi d'un contingent commun d'environ 150 policiers et hommes de troupe pour aider le gouvernement tongien à rétablir l'ordre, en complément de la proclamation de l'état d'urgence pour une durée de 30 jours dans tout l'archipel, et de celle d'un couvre-feu pour la capitale et l'île de Tongatapu.

Le contingent australien devrait comprendre 50 militaires et 35 policiers, tandis que le groupe néo-zélandais devrait être composé de 60 militaires.

Les émeutes de jeudi sont le dernier épisode d'une agitation endémique depuis un an, visant à obtenir l'abolition ou la profonde réforme d'un système de représentation politique semi-féodal, dans un pays qui est une monarchie constitutionnelle. Jusqu'ici, en effet, l'assemblée législative du petit royaume polynésien était composée de 30 membres dont seulement 9 désignés par le peuple au suffrage universel, les 21 autres étant désignés par le roi au sein des 33 familles composant l'aristocratie du pays.

Cette composition était combattue avec force par l'un des députés élus du peuple, Akilisi Pohiva, président du Mouvement pro-démocratie, mais il existait jusqu'ici de sérieuses résistances au sein du pouvoir tongien, tant en la personne du nouveau roi George Tupou V (qui a succédé, le 11 septembre dernier, à son père Taufa'ahau Tupou IV), qu'au sein de la noblesse et du gouvernement dirigé par Feleti Sevele. Une réunion d'urgence s'est tenue dans les bureaux de ce dernier, à laquelle assistaient divers membres de son cabinet, ainsi que des représentants de la noblesse et certains élus du peuple. Selon le porte-parole du Premier ministre, Lopeti Senituli, il a été convenu que la nouvelle assemblée issue des élections prévue en 2008 aurait une composition exactement inverse de celle qui prévalait jusqu'ici, et que les élus du peuple y seraient désormais au nombre de 21, pour 9 représentants de la noblesse choisis par le roi.

Le Premier ministre et son gouvernement auraient également promis d'accélérer la mutation des institutions semi-féodales vers un modèle plus démocratique, ce dont le principal opposant, M. Pohiva s'est vivement félicité. On peut toutefois supposer que, si la pression politique interne a joué un petit rôle dans cette évolution prévisible et si le coup de sang de dizaines de jeunes émeutiers en état d'ivresse n'a pas été sans conséquences, une influence déterminante aura sans doute été celle exercée par les diplomaties australienne et néo-zélandaise, qui n'ont accepté l'envoi de troupes que si le gouvernement tongien leur en faisait la demande expresse (et probablement après avoir obtenu en coulisses des assurances de démocratisation des institutions).

Sources