Une nouvelle base russe au Kirghizistan ?

Publié le 28 juillet 2009
De rumeurs de plus en plus persistantes font était de l'implantation d'une base russe au Kirghizistan. Alors que les États-Unis ont des vues de plus en plus précises sur les anciennes république soviétique. Moscou ne semble pas disposé à abandonner son influence sur ces territoires au profit de l'Occident.

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Kant (Kirghizistan).

Les rumeurs sur l'établissement d'une nouvelle base russe sur le sol kirghiz ont un fondement

 
Bakiev et Medvedev.

19 juillet 2009 — Le vice-premier ministre russe Igor Setchine et le ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov ont effectué récemment une visite à Bichkek en toute discrétion, annoncent ce vendredi les quotidiens Vremia novosteï et Rossiïskaïa gazeta.

Les observateurs ont immédiatement pensé que la Russie tentait d'obtenir l'ouverture d'une nouvelle base militaire au Kirghizstan. Certains indiquaient même le lieu de sa possible implantation : la ville d'Och, située au Sud du pays.

Les deux ministres russes, qui revenaient de Douchanbé, sont arrivés mardi dans la capitale kirghize, où ils ne sont guère restés plus de deux heures. La rencontre avec le président du pays, Kourmanbek Bakiev, leur a pris une heure. Les deux ministres n'ont pas eu d'autres discussions. Le ministère kirghiz des Affaires étrangères n'a pas participé à la rencontre avec les hauts responsables russes. Cette visite éclair n'avait pas été spécialement préparée par les militaires, et même l'entourage proche de Serdioukov en connaît peu de détails.

Les experts interrogés par Rossiïskaïa gazeta estiment que les discussions ont pu porter sur deux questions. Premièrement, la possibilité d'utiliser des aérodromes locaux dans le cas où serait adoptée une décision sur l'intensification de l'aide militaire et technique de la Russie au gouvernement afghan. Deuxièmement, les nouvelles conditions de la présence au Kirghizstan des troupes américaines, à la suite du lancement du Centre de transports en transit des États-Unis au mois d'août. Il est probable que Serdioukov a demandé à ses collègues si les responsables kirghizes seraient en mesure de contrôler les frets envoyés vers l'Afghanistan.

La Russie souhaite renforcer ses sites militaires au Kirghizistan

19 juillet 2009 — Moscou a demandé à Bichkek de pouvoir élargir et renforcer les sites militaires russes sur le territoire du Kirghizstan, a fait savoir le 9 juillet à RIA Novosti une source au sein du gouvernement kirghiz.

Selon l'interlocuteur de l'agence, il en a été question mercredi 8 juillet au cours de la visite au Kirghizstan du vice-premier ministre russe Igor Setchine.

« Il s'agissait notamment d'un éventuel élargissement et renforcement des sites militaires russes sur le territoire kirghiz. La partie russe a également suggéré le déploiement d'un bataillon russe de la Force collective d'intervention rapide de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dans la région de Batken, dans le Sud du Kirghizstan », rapporte la source.

Et d'ajouter que le Kirghizstan « jugeait possible » le déploiement d'un bataillon russe sur son territoire.

Le service de presse du ministère kirghiz de la Défense n'a ni confirmé ni infirmé cette information, « la rencontre avec la délégation russe s'étant déroulée à huis clos, et les détails n'ayant pas été divulgués ».

Les réactions

Réactions russes

 
Medvedev au G8.

19 juillet 2009 — Le 10 juillet, lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet du G8 à L'Aquila, le président russe Dmitri Medvedev n'a ni confirmé ni infirmé l'information selon laquelle Moscou négocierait avec Bichkek sur une nouvelle base pour la Force collective d'intervention rapide de l'OTSC.

« De telles ententes ne peuvent pas être annoncées d'avance », a-t-il simplement indiqué.

Une source de RIA Novosti au sein du gouvernement kirghiz a fait savoir le 9 juillet que Moscou avait demandé à Bichkek de pouvoir élargir et renforcer les sites militaires russes sur le territoire du Kirghizstan, ainsi que de déployer un bataillon russe de la Force collective d'intervention rapide de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dans la région de Batken, dans le sud du Kirghizstan.

Réactions américaines

19 juillet 2009 — Les rumeurs sur l'établissement d'une nouvelle base russe au Kirghizistan n'ont cependant pas préoccupé les Américains. « L'apparition d'une base russe dans la région de la ville d'Och ne nous énervera absolument pas », a affirmé le 10 juillet à Vremia novosteï un diplomate américain sous couvert d'anonymat.

Le département d'État américain a déclaré le 12 juillet que le Kirghizstan avait le droit souverain d'accueillir une nouvelle base militaire russe.

Réactions kazakhes

19 juillet 2009 — Le Kazakhstan est favorable à la création d'une base militaire russe au Kirghizstan et salue toutes les mesures capables de garantir la stabilité et la sécurité dans la région, a déclaré le 13 juillet à Astana le porte-parole du ministère kazakh des Affaires étrangères Erjan Achikbaev.

« L'ouverture d'une base russe au Kirghizstan s'inscrit dans le cadre des relations bilatérales entre les deux États », a indiqué Achikbaev commentant la série de rencontres à huis clos qu'une délégation gouvernementale russe a eues au Kirghizstan la semaine dernière pour évoquer l'élargissement de la présence militaire russe dans la région, notamment la création d'une base militaire dans le sud du Kirghizstan.

« Le Kazakhstan salue toutes les mesures susceptibles de contribuer à la stabilité et à la sécurité dans la région », a noté le porte-parole.

Le 10 juillet, le président russe Dmitri Medvedev n'a ni confirmé ni infirmé les informations sur les éventuelles négociations russo-kirghizes sur la mise en place d'une base militaire au Kirghizstan.

Réactions ouzbèkes

19 juillet 2009 — Selon les sources de Vremia novosteï à Bichkek, l'étabilissement d'une présence militaire de la Russie dans la partie kirghize de la vallée de Ferghana semble peu probable pour deux raisons: l'absence des moyens financiers nécessaires et la réaction négative de Tachkent.

Les dirigeants ouzbeks ont toujours fait preuve de la plus grande nervosité en ce qui concerne le renforcement de l'influence militaire russe à proximité des frontières de leur pays. Il n'est que de rappeler la réaction violente du président ouzbek Islam Karimov à la fin des années 1990, quand Moscou a annoncé la création au Tadjikistan d'une base militaire russe par la 201e division motorisée. Cette déclaration a été une des raisons qui avaient incité Tachkent à quitter le Traité de sécurité collective de la CEI.

Le 12 juillet, un fonctionnaire ouzbek de haut rang a indiqué que Tachkent était hostile à l'implantation de nouvelles bases militaires dans les pays voisins.

Les rumeurs sur l'établissement d'une base russe se confirment

22 juillet 2009 — L'ouverture d'une base militaire de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) au Kirghizstan pourrait être décidée lors du sommet officieux de l'OTSC prévu pour les 1er et 2 août dans ce pays à Issyk-Koul, a annoncé le 21 juillet Djanych Roustambekov, ambassadeur kirghiz à Astana lors d'une conférence de presse.

Début juin, une délégation gouvernementale russe s'est rendue à Bichkek pour tenir des négociations à huis clos avec les dirigeants kirghizes, une source au gouvernement de la république ayant annoncé par la suite qu'un élargissement de la présence militaire russe et l'ouverture d'une base militaire dans le sud de la république avaient figuré au menu des négociations.

« Actuellement, l'ouverture de la base de l'OTSC en est au stade des négociations », a déclaré l'ambassadeur kirghiz avant de préciser qu'au cours du sommet officieux de l'OTSC prévu pour les 1-2 août à Issyk-Koul une décision pourrait être prise.

Le diplomate a souligné que le Kirghizstan était en principe d'accord pour ouvrir la nouvelle base, « d'autant plus que la Russie est notre partenaire stratégique ».

Répondant à une question destinée à savoir si Bichkek allait tenir compte de la position de l'Ouzbékistan qui s'était opposé à l'ouverture de la base, l'ambassadeur a indiqué que « nous sommes un État indépendant et je ne vois pas de raison de permettre à autrui de décider pour nous ».

Tachkent s'oppose à la création de bases militaires sur les territoires jouxtant les siens, le département d'État américain ayant en revanche déclaré qu'il considérait l'ouverture d'une nouvelle base militaire sur le territoire du Kirghizstan comme un droit souverain de ce dernier.

Parallèlement, Moscou et Bichkek envisagent de créer un centre antiterroriste

19 juillet 2009 Le 9 juillet, le président kirghiz Kourmanbek Bakiev, dans une interview au New York Times citée par son service de presse, a déclaré que le Kirghizstan se penchait sur la création conjointe avec la Russie d'un centre de lutte contre le terrorisme international dans le Sud du pays.


Cet article reprend la totalité ou des extraits des dépêches de l'agence de presse RIA Novosti intitulées :

Voir aussi

Sources


  •   Page « Russie » de Wikinews. L'actualité russe dans le monde.