France : rencontres Wikimedia

Publié le 6 décembre 2010
Wikimédia France a organisé les 3 et 4 décembre 2010 des rencontres qui ont réuni près de 180 personnes issues majoritairement du secteur GLAM, à savoir des « Galeries, Bibliothèques, Archives et Musées ». Fort du soutien financier de deux mécènes que sont l'Institut de recherche et d'innovation[1] et Orange[2], l'objectif de cet événement était de présenter certains partenariats de la fondation Wikimedia à travers le monde et de faciliter de nouvelles coopérations avec Wikimedia en France.

Bandeau pour la conférence organisée par Wikimédia France

Le 3 décembre 2010

 
Aiguille du paléolithique supérieur

Partant du constat que le muséum de Toulouse détient près de 2,5 millions d'objets alors qu'il ne peut en exposer que 8 000, ce dernier a signé un partenariat avec Wikimédia France pour mettre à disposition 2 000 images relatives à ses collections cachées. Le choix a été fait de proposer des images ayant une résolution, une légende et des métadonnées les plus complètes possibles.

En Allemagne, la bibliothèque nationale a mis à disposition 100 000 images d'archives sous licence Creative Commons CC-BY-SA en faible résolution de 800 pixels sur leur partie la plus large : à ce jour 90 millions de pages ont été vues concernant ces archives.

Au Chili et en Argentine, de nombreuses archives vidéo sont désormais intégrées à Wikimedia au format Ogg.

Une présentation des cartes libres OpenStreetMap a été faite. Pour des raisons pratiques liées au caractère factuel des données, OpenStreetMap est actuellement en train de migrer ses contenus licence Creative Commons vers la licence Open Database License. Emilie Laffay précise que 12 500 personnes sur les 300 000 contributeurs ont fourni 98 % du contenu du projet.

Suivant le Freedom of Information Act, la directive de 2003 a été transposée par l'ordonnance de 2005 sur la liberté d'accès aux documents administratifs. L'Agence du patrimoine immatériel de l'État (APIE) préconise l'utilisation de trois types de pictogrammes : l'information publique libre et gratuite ; l'information publique dont seule la réutilisation non commerciale est gratuite ; et l'information publique dont la réutilisation est soumise au paiement d’une redevance[3]. Par ailleurs, Anne Fauconnier de l'APIE précise que la Licence information publique créée le 2 avril 2010 restera strictement réservée à certaines informations du ministère de la justice en France.

Pour conclure, Michel Briand distingue deux catégories de politiques : celles que rêvent de taxer l'usage commercial de royalties et celles qui laissent émerger de nouveaux services en libérant des données[4]. Directeur adjoint de la Wikimedia Foundation depuis 2007, Erik Moeller rappelle que la distinction entre les informations commerciales et non-commerciales est une fiction.

Le 4 décembre 2010

 
Rencontres Wikimédia France sur le GLAM

Contrairement aux idées reçues, le coût de production des informations numérisées est très substantiel : il intègre notamment la production de métadonnées sur l'œuvre[5], le temps nécessaire pour retraiter des photos à haute résolution[6] ou des textes en reconnaissance optique de caractères (OCR)[7]. Pour ces raisons, l'État français pousse ses administrations vers des partenariats commerciaux afin de ne numériser prioritairement que des « fonds facturables » ou, par dérogation, des informations qui les rendent plus visibles sur l'Internet[8].

Alors que la numérisation d'œuvres du domaine public n'est pas considérée comme génératrice d'originalité justifiant l'apparition d'un copyright aux États-Unis, elle semble l'être en Grande-Bretagne. Par contre, les tribunaux français ont confirmé que la numérisation d'œuvres du domaine public sous forme de photographies pouvait engendrer un nouveau droit d'auteur[9]. Comme rien n'empêche de basculer des œuvres du domaine public sous des licences Creative Commons, il existe un risque de superposition de licences.

Le partenariat entre Wikimédia France et la Bibliothèque nationale de France (BNF)[10] a permis de doubler les contenus de Wikisource avec 1 416 livres indexés représentant 573 310 pages, soit environ 1 % des 140 000 documents disponibles sur Gallica[11] : 369 ont déjà été traités ou sont en cours de traitement par la communauté des wikisourciens[12].

Grégoire Blanc a présenté le moteur de recherche T-ma-Tic[13] qui a permis de comprendre l'importance d'une page Wikipédia de qualité pour améliorer son référencement. En effet, les moteurs de recherche utilisent de plus en plus Wikipédia pour améliorer la pertinence des résultats qu'ils proposent.

Diane Dubray, consultante de l'agence Buzzeum, précise que l'utilisation des réseaux sociaux est un moyen pertinent pour augmenter le nombre de visiteurs d'un musée[14].

La structuration des données de Wikimedia est menée par DBpedia qui assure le niveau transverse d'interopérabilité des données, notamment via les infobox. L'actuelle non-participation de Wikimedia au W3C est lié notamment au ticket d'entrée dans ce consortium.

Régis André d'AudioGuidia[15] a présenté des audioguides pour IPhone utilisant le contenu de Wikipédia[16]. Il a rappelé que Wikipédia est le 7e site le plus consulté au monde[17], que les acteurs des GLAM doivent considérer les pages Wikipédia les concernant comme leur second site Web : « Une page Wikipédia incomplète (ou inexistante !) induit une perte significative de notoriété et d'influence en plus de donner une mauvaise image aux internautes ».

Pour conclure, Daniel Rodet regrette qu'aucune bande-annonce n'ait été projetée pour promouvoir le film Truth in Numbers? Everything according to Wikipedia. Il se réjouit néanmoins que François Bayroux ait invité Florence Devouard à l'émission Vivement dimanche ! du 5 décembre 2010 pour favoriser la collecte de fonds de l'association[18].

Notes

  1. Promotion de l'événement par l'IRI
  2. Partenaires de l'événement
  3. Les pictogrammes APIE pour la réutilisation des informations publiques suivant la loi du 17 juillet 1978
  4. comme dans des wiki territoriaux.
  5. comprenant des liens croisés dits mutuels ou réciproques.
  6. Par exemple, 2 à 3 heures de publication assistée par ordinateur sont nécessaires pour chaque photo produite dans le cadre du partenariat avec le muséum de Toulouse.
  7. À titre d'illustration, sur 1416 documents numérisés par la BNF, seuls 1057 présentent une OCR supérieure ou égale à 60 % (seuil nécessaire pour une indexation numérique jugée « satisfaisante » pour permettre le retraitement de l'œuvre). Fin 2010, environ 10 % de ces textes mis sur Wikisource ont été retraités.
  8. Certaines œuvres du GLAM peuvent être numérisées pour assurer leur visibilité en drainant du trafic Internet sur leur site Web.
  9. Le domaine public en partage ? (A propos de l’affaire Wikipédia c. National Portrait Gallery)
  10. Le partenariat entre Wikimédia France et la Bibliothèque Nationale de France
  11. Rencontres Wikimedia 2010 – Le partenariat entre Wikimédia France et la Bibliothèque Nationale de France sur le blog de Wikimédia France.
  12. Les partenariats très GLAM de Wikimédia
  13. Site officiel de T-ma-Tic, un moteur de recherche centré sur Wikipédia et les réseaux sociaux
  14. Les rencontres Wikimedia présentées par Buzzeum
  15. Site officiel d'Audioguidia
  16. Paris audioguide (1600 lieux et monuments) par AudioGuidia
  17. Classement en terme d'audience démographique pour Wikipedia.org sur Alexa, filiale d'Amazon
  18. Vivement Dimanche ! Florence Nibard-Devouard

Sources



  •   Page « Wikimedia » de Wikinews. L'actualité wikimédienne dans le monde.