États-Unis : les premières mesures de Trump prises dans la controverse

Publié le 27 janvier 2017
Le nouveau président américain Donald Trump vient de marquer la rupture avec son prédécesseur dès sa première semaine à la Maison Blanche. En effet, Trump a déjà signé plus d'une douzaine de décrets dont plusieurs visent à défaire, comme il l'avait promis durant sa campagne, certaines mesures prises par le précédent gouvernement.

Donald Trump signant un décret exécutif autorisant la construction de l'Oléoduc Keyston XL.
« Obamacare »

Dès vendredi 20 janvier, il a signé un décret pour en finir avec l'« Obamacare », une loi qui permet de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus. Il ordonne notamment de « soulager le poids » de cette réforme, notamment en utilisant toutes les marges de manœuvre possibles pour ne pas appliquer la loi actuelle, par des exemptions ou des reports, en attendant qu'elle soit abrogée puis remplacée, justifiant cette mesure par le coût et la lourdeur administrative de l'« Obamacare ».

Avortement
Des millions de personnes se sont rassemblés à travers les États-Unis pour manifester au lendemain de l’investiture présidentielle (photo à Washington).

Lundi, au lendemain du 44e anniversaire de l’arrêt de la Cour suprême Roe v. Wade, qui a légalisé l’avortement en 1973 aux États-Unis, et deux jours après une manifestation de millions d’Américaines pour leurs droits, Donald Trump a signé un décret pour interdire le financement d'ONG internationales soutenant l'avortement. Ces restrictions avaient déjà été prises et annulées plusieurs fois dans le passé. Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a expliqué que « Le président a très clairement énoncé qu’il était un président [pro-vie]. Il veut agir pour tous les Américains, y compris ceux qui ne sont pas encore nés ».
Les Pays-Bas ont d'ores et déjà prévu de lancer un fonds international pour contrebalancer les effets de cette interdiction.

Trump souhaite aussi nommer très prochainement à la Cour suprême un juge farouchement opposé à l’IVG, visant à terme l'annulation de l'arrêt Roe v. Wade.

Des projets d'oléoducs controversés

Trump a décidé de relancer deux projets d’oléoducs jusqu'ici bloqués, selon des médias américains. Le projet Keystone XL, dans le Nebraska, devant relier le Canada aux États-Unis et d'une longueur de 1 900 km, avait été bloqué par Obama, qui estimait qu'il ne renforçait pas « la sécurité énergétique du pays » tout en mettant aussi en avant des considérations écologiques.

Il souhaite aussi relancer le projet d’oléoduc de la compagnie Energy Transfer Partners dans le Dakota du Nord, devant relier ses gisements de pétrole de schiste à l’Illinois. Son tracé avait pourtant été rejeté le mois dernier après une intense mobilisation des Amérindiens et des écologistes.

Trump, qui souhaite en finir avec des réglementations qui vont selon lui « trop loin » et qu'il juge néfastes pour l'économie, argue, quant à lui, que ces projets vont créer des emplois.

Il se dit cependant attaché à l'environnement.

Mur avec le Mexique et contrôle de l'immigration
Enrique Peña Nieto

Donald Trump a également mis en marche le projet de construction d’un mur à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, promesse la plus emblématique de sa campagne et a signé, mercredi, un décret portant sur une meilleure application des lois concernant l’immigration avec, notamment, des mesures prises contre les « villes sanctuaires » qui accueillent des clandestins. Il souhaite également décourager définitivement toute personne provenant de pays musulmans d’immigrer aux États-Unis.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a dénoncé mercredi la décision de son homologue et s’est engagé à défendre les migrants mexicains aux États-Unis.
« Je regrette et condamne la décision des États-Unis de continuer la construction du mur qui depuis des années, au lieu de nous unir, nous divise », a-t-il déclaré dans un message vidéo diffusé dans la soirée sur Twitter, ajoutant que « Le Mexique ne croit pas aux murs. Je l’ai dit plusieurs fois : le Mexique ne paiera pour aucun mur ». Dans la foulée, il a également annulé sa visite officielle à Washington prévue pour le 31 janvier.

Retrait des États-Unis de certains accords

Lundi 23 janvier, Trump a signé une ordonnance entérinant le retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP ou PTP). « Ce que nous venons de faire est une très bonne chose pour [les travailleurs américains] », a-t-il déclaré. Ce retrait pourrait signifier tout simplement la mort du PTP. Cependant, Enrique Peña Nieto, le président mexicain, a annoncé ce même lundi qu’il allait ouvrir des négociations bilatérales avec les autres signataires du traité. Le retrait américain pourrait également bénéficier à la Chine.

Afin de faire revenir des emplois aux États-Unis, Donald Trump a aussi promis de renégocier l'Aléna (liant le Mexique, les États-Unis et le Canada), accusé de précipiter la désindustrialisation du pays.

Le TTIP pourrait aussi pâtir de la politique de Trump, qui préfère en priorité négocier un accord bilatéral avec le Royaume-Uni pour faire du Brexit un « succès ».

Gel des embauches de fonctionnaires

Le président a ordonné lundi, par décret, le gel des embauches de fonctionnaires au niveau fédéral, sauf pour l’armée. Ce gel « prend le contre-pied de la progression spectaculaire du nombre d’employés fédéraux ces dernières années », selon Sean Spicer.
Les secteurs de la santé publique et de la sécurité publique seraient aussi épargnés.

Ce décret vise à « empêche[r] notamment de remplacer les postes vacants ou d’en créer de nouveaux sauf quand ils sont nécessaires pour satisfaire aux responsabilités concernant la sécurité nationale ou publique », selon Spicer, qui ajoute que « cela ne s’applique pas au personnel militaire » et que le but de la mesure est d'« assurer que les contribuables américains aient un gouvernement efficace et performant ».

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