Affaire Benalla : mise en difficulté de plusieurs personnes auditionnées devant le Sénat
Publié le 30 juillet 2018
L'affaire Benalla n'en finit plus de défrayer la chronique. La commission des lois de l'Assemblée nationale a provoqué un tollé au sein de l'opposition en closant les débats et les auditions au bout de quinze jours d'auditions. En revanche, la commission des lois de Sénat, constituée en commission d'enquête pour six mois, continue ses auditions, diffusées en direct sur la chaîne Public Sénat et sur le site internet du Sénat.
La commission a interrogé ce lundi plusieurs personnalités chargées de la sécurité :
- à 10 h 30, Michel Lalande, préfet de la région Hauts-de-France, préfet du Nord ;
- à 11h30, Jean-Marie Girier, chef de cabinet du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ;
- à 14h30, Stéphane Fratacci, directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb ;
- à 16h, Olivier de Mazières, préfet de police des Bouches-du-Rhône ;
- à 17h30, le colonel Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).
Après avoir écouté les déclarations des intéressés les sénateurs ont posé leurs questions. Sous le feu nourri des membres de la commission des lois, Jean-Marie Girier et Stéphane Fratacci ont tenté de dédouaner leur ministre, Gérard Collomb. Par moment, ils ont été mis en difficulté notamment sous les questions de Jean-Pierre Sueur (PS), co-rapporteur de la commission d'enquête. En ce qui concerne le port d'arme d'Alexandre Benalla, refusé par le ministère de l'Intérieur mais accordé par le préfet de police, les intéressés ont fait mine de ne pas savoir. Jean-Pierre Sueur s'est procuré la décision accordant un tel port d'arme sous le motif d'opérations de police alors qu'il avait été affirmé le contraire au cours des précédentes auditions. Les auditions ont révélé que le port en question avait été délivré selon une autre procédure. Le commandant du GSPR fut, lui-aussi, acculé devant les questions mettant en évidence les contradictions des déclarations des différents interlocuteurs.
Comme le rapporte Le Figaro, Jean-Marie Girier a notamment déclaré qu'« À aucun moment, il ne s'est trouvé dans une réunion de travail quelconque en sa présence. Il ne connaissait ni son nom, ni son prénom, ni ses fonctions ». L'intéressé en a profité pour formellement démentir toute accolade entre Gérard Collomb et Alexandre Benalla dans la salle de commandement au soir du 1er mai, des faits rapportés par Le Canard enchaîné le 25 juillet. « Il l'a salué comme toutes les personnes présentes », a relaté le chef de cabinet.
Philippe Bas, président de la commission, a présenté les difficultés pour une audition éventuelle d'Alexandre Benalla. Deux situations y font obstacle selon le sénateur. Le premier tient de la séparation du pouvoir ce qui interdit toute immixtion du pouvoir parlementaire dans les affaires judiciaires. Le second tient à la présomption d'innocence et du témoignage sous serment devant la commission pouvant obliger Benalla à s'accuser, ce que proscrit le droit français. Toutefois, le conseiller de l'Élysée ayant manifesté par voie de presse sa volonté de se présenter devant les parlementaires, Philippe Bas a annoncé que cette éventualité sera abordée dans une réunion avec les deux co-rapporteurs.
Sources
modifier- ((fr)) – « Chef du GSPR, préfets : les auditions de la commission des lois du Sénat sur Benalla se poursuivent ». RT France, 30 juillet 2018.
- ((fr)) – Pierre Lepelletier, « Affaire Benalla : devant les sénateurs, le clan Collomb se défend ». Le Figaro, 30 juillet 2018.
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