Burundi : la FIDH alerte l'opinion internationale sur le risque génocidaire


Publié le 16 novembre 2016
La Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) a lancé hier 15 novembre une campagne internationale d'alerte quant à un risque génocidaire au Burundi. Cette campagne organisée autour d'un rapport détaillé et d'une pétition en ligne prend la forme d'une bande-annonce d'un film dont le scénario ne doit pas devenir réalité : celui du risque imminent de génocide. La campagne est relayée sur Twitter via le hashtag #StopThisMovie.


« Les Tutsis sont particulièrement ciblés »

Florent Geel, directeur du bureau Afrique de la FIDH ainsi qu'Anschaire Nikoyagize responsable de la ligue burundaise des droits humains Iteka[1], précisent leurs craintes au cours d'un entretien avec des journaliste du Monde : même si l'opposition au régime de Pierre Nkurunziza n'est pas exclusivement tutsi — de nombreux citoyens hutu s'opposent au régime ainsi que divers mouvements plus spécifiquement hutu — force est de constater que « depuis un certain moment, dans les quartiers contestataires, les Tutsis sont particulièrement ciblés » explique Anschaire Nikoyagize. Les Imbonerakure, officiellement le mouvement jeunesse du parti au pouvoir (CNDD-FDD) mais officieusement la milice armée du régime sont en général les auteurs de cette répression qui prend les formes les plus cruelles : violences physiques, viols, tortures, disparitions d'opposants et assassinats.

Selon Florent Geel, le régime s'engouffre dans une double répression : la première, politique, cible plus spécifiquement les mouvements d'opposition hutu comme ceux dépendants des Forces nationales de libération (FNL). La seconde est ethnique et cible les Tutsis, y compris pour effrayer l'opposition hutu.


Vers un recensement des Hutus et des Tutsis au sein de l’administration

Un autre évènement inquiète les deux observateurs : récemment le Sénat du Burundi par la voix de son Président Révérien Ndikuriyo a demandé au gouvernement d'établir un recensement ethnique de la fonction publique du pays. Si l'accord de paix d'Arusha prévoit des quotas explicites (60 % hutu vs 40 % tutsi) il s'agissait exclusivement de la police et de l'armée et non de la fonction publique dans son ensemble. Un document-type du recensement circule sur les réseaux sociaux met clairement en évidence les options à cocher : Hutu, Tutsi ou Twa. Si en 2013, une telle initiative avait échoué, il semble bien que rien ne puisse s'y opposer en 2016.

Le rapport détaillé intitulé « Répression aux dynamiques génocidaires » et contenant de nombreuses preuves et exemples d'exactions va être remis à la Cour pénale internationale (CPI) probablement vendredi. La FIDH espère l'ouverture d'une enquête par Fatou Bensouda.

Sources modifier

Notes modifier

  1. Iteka est officiellement interdite d'action au Burundi depuis octobre 2016. Lire à ce propos : ((fr)) « Burundi : cinq ONG de défense des droits de l'homme interdites d'action ». Wikinews, 25 octobre 2016.

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