François Fillon et sa femme accusés de détournement de fonds publics

Publié le 26 janvier 2017
En France, les informations révélées par Le Canard enchaîné concernant François Fillon et sa femme Penelope Fillon ont poussé la justice à lancer une enquête visant le couple. Le candidat à l'élection présidentielle est accusé d'avoir accordé un poste d'assistant parlementaire à sa femme, cette dernière n'ayant pas réellement exercé ces fonctions, dans le but supposé d'enrichissement personnel grâce au détournement de 500 000 euros d'argent de l’État.

Penelope Fillon lors des prises de fonctions de son mari en tant que Premier ministre, en mai 2007.
Accusations d'emplois fictifs, détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits

Le Canard enchaîné a révélé quelques jours plus tôt des informations selon lesquelles Penelope Fillon aurait été employée par son mari en tant qu'assistante parlementaire durant près de huit ans. Elle a ainsi été rémunérée à ce titre de 1998 à 2002 quand son mari était député de la Sarthe, puis de 2002 à 2007 quand le suppléant de François Fillon Marc Joulaud le remplace alors que le premier devient ministre, ainsi qu'en 2012. Au fil des années, elle est plusieurs fois augmentée, jusqu'à ce que son salaire atteigne 7 900 euros mensuel brut. Au total, les sommes versées par le Parlement atteignent 500 000 euros, jugées trop élevées.

Cependant, le simple fait d'engager un proche comme assistant parlementaire n'est pas illégal. Le cœur des accusations du journal se trouve ailleurs : Penelope Fillon n'aurait jamais exercé réellement cet emploi, qui serait donc fictif. En effet, une collaboratrice de Marc Joulaud confirme ne pas la connaître et n'avoir jamais travaillé avec elle. De plus, Penelope Fillon avait elle-même déclaré en octobre 2016, au journal Le Bien public : « jusqu’à présent, je ne m’étais jamais impliquée dans la vie politique de mon mari », et vouloir pour la première fois participer à la campagne de son époux. Ces éléments ont été jugés suffisant par le parquet financier de Paris pour ouvrir une enquête visant le couple, pour des « chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits ».

Dans un autre domaine, elle aurait aussi perçu 100 000 euros comme conseillère littéraire à la Revue des deux Mondes (appartenant à l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière, ami de François Fillon) en ayant produit seulement trois notes de lecture.

Une campagne mise à mal

François Fillon, candidat des Républicains à l'élection présidentielle de mai prochain, a immédiatement réagi en se disant « scandalisé » et en dénonçant les « boules puantes ». Son entourage a également réfuté ces allégations, affirmant que Mme Fillon aurait « travaillé dans l'ombre ».

Bruno Le Maire et Jean-François Copé s'étaient d'ailleurs justifiés de la même façon lorsqu'ils avaient été pointés du doigt par Mediapart en 2013 et 2014.

De nombreuses critiques, parfois au sein même de son camp, se sont ensuite développées contre lui, d'autant que le candidat avait fondé sa campagne des primaires sur la « probité », à l'opposé des nombreuses affaires qui ont touché l'ex-UMP, et des baisses de dépenses publiques, lui le pourfendeur de l’assistanat et qui veut mener une politique d’austérité, demandant des efforts aux Français pour assurer le « redressement national ». Cette contradiction risque de brouiller son message.

Rival à droite, Henri Guaino a ainsi ressorti une citation de François Fillon qui disait en octobre 2012 : « Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable ». Les divisions à droite autour de François Fillon semblent donc s'aggraver, alors que d'autres figures comme Rachida Dati ou Christian Estrosi le critiquent ouvertement, ce dernier expliquant à propos de la campagne que « si nous ne parlons pas aux millions de Français issus des classes moyennes, alors nous créerons les conditions de la progression des extrêmes. Le mot social n’est pas une grossièreté ». Ce 26 janvier, l'équipe de François Fillon a annoncé que des documents attestant de la réalité de l'emploi effectué par Penelope Fillon seront transmis à la justice.


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