France : décès d'Armand Gatti, figure du théâtre

Publié le 9 avril 2017
Armand Gatti, figure du théâtre français du XXe siècle, s'est éteint jeudi 6 avril à l'hôpital Begin (Saint-Mandé, Val-de-Marne), à l'âge de 93 ans.

Né Dante Sauveur Gatti à Monaco d'un père éboueur et balayeur, anarchiste italien et d’une mère femme de ménage, il fut résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il avait à ce propos raconté pendant des décennies qu’il avait été déporté au camp de concentration de Neuengamme, où il avait eu la révélation du théâtre en assistant pour la première fois à la représentation d'une pièce, qui fut la pierre fondatrice de son œuvre. Mais, après l'enquête de l'amicale de Neuengamme il y a quelques années, il avait finalement avoué qu'il n'avait jamais été à Neuengamme mais dans un camp de travail.

Il n'en n'avait pas moins rejoint les Forces françaises, à Londres, en 1944, où il portait le nom de Don Quichotte, combattu dans l’armée de l’air et été pour cela décoré à la Libération.

Gatti fut d'abord journaliste. Il eut l'occasion de côtoyer d'autres artistes et écrivains et réalisa des reportages notamment sur les « personnes déplacées », les combats ouvriers en France ou encore le massacre des Indiens au Guatemala, qui lui valurent en 1954 le prix Albert-Londres.

Il se dédie ensuite au cinéma, réalisant notamment Le Crapaud-Buffle, L’Enclos (sur l’univers concentrationnaire et primé à Cannes) et El Otro Cristobal (représentant Cuba).

Enfin, il se consacre au théâtre, où on lui doit notamment La Vie imaginaire de l’éboueur Auguste G., La Deuxième Existence du camp de Tatenberg, Chroniques d’une planète provisoire, Chant public devant deux chaises électriques, V comme Vietnam, ...

Il voulait faire un théâtre non consensuel. Ainsi, en 1968, sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge, représentant le général Franco, est censurée par le général de Gaulle, qui qualifie Gatti de « poète surchauffé », à la demande du gouvernement espagnol, en dépit du soutien d'André Malraux, ministre de la culture de l'époque.

Celui qui se voulait le représentant des sans nom, les gens ordinaires ou à la marge, des sans-voix et des exclus délaisse alors le théâtre institutionnel et son œuvre sera désormais caractérisée par la « démesure », débarrassée de la représentation de la vérité, comme dans sa vie. Il s'engagera aussi auprès de jeunes en réinsertion, ses « loulous ». On lui doit ainsi notamment un opéra intitulé Roger Rouxel (en hommage à un jeune héros de L’Affiche rouge mort pendant la Seconde Guerre mondiale) et Aventure de la parole errante.


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