France : l'université ne suit pas le boom démographique
Publié le 20 juillet 2017
À la suite du dernier tour de sélection du site admission post-bac, 87 000 nouveaux bacheliers ayant choisi l'université se sont vu refuser une place pour la rentrée prochaine. Un record absolu, à comparer aux 30 000 de l'an passé, une année déjà exceptionnelle. Au cours des trois années qui viennent, ce sont 170 000 aspirants étudiants qui devraient se rajouter. L'université ne peut suivre le rythme du boom des naissances des années 2000 avec des budgets régulièrement resserrés.
- Universités bondées, filières en tension
Ces dernières années, les universités françaises font face à une inflation importante du nombre d'étudiants : 40 000 chaque années, soit le nombre moyen d'étudiants d'une université française. Plusieurs filières font face à de fortes tensions, comme STAPS qui a du cette année refuser la moitié des demandes formulées, ou encore la licence de psychologie. Cette année, ce sont 87 000 bacheliers ayant choisi une filière non sélective qui se sont vu refuser l’intégralité de leurs vœux et se retrouvent donc sans place pour la rentrée. La sélection étant interdite pour ces filières en principe universelles, elles ont du procéder à un tirage au sort. Nombreux d'entre eux pourront accepter d'ici septembre des places laissées vacantes dans des filières moins demandées, mais qui ne correspondent donc pas à leur orientation. L'année dernière déjà, les universités avaient du faire face à une rentrée difficile, entre amphithéâtres bondés et manque de salles pour accueillir les étudiants.
- Sous-investissements et sélection
En cause : la hausse des naissances sur la période 2000 à 2010, qui devrait conduire à 170 000 étudiants supplémentaires d'ici les trois prochaines années. Le souhait de plus en plus de bacheliers de poursuivre leur étude est aussi en cause, dans un contexte de chômage fort où le diplôme est vu comme un rempart utile. Le resserrement du budget de l'enseignement supérieur au fil des années et l'autonomie des universités en 2007 a empêché la mise en place d'une politique adéquate pour accueillir autant d'étudiants. En effet, pour Kenza Occansey du syndicat étudiant FAGE, « le baby-boom ne nous est pas tombé dessus à l'instant. On connaît ces chiffres-là et rien n'a été fait. Il n'y a pas eu de réforme globale pour permettre à toutes ces personnes d'être accueillies dans l'enseignement supérieur et c'est ce qu'on demande maintenant. ».
La situation de l'université risque donc d'être compliquée pour les années à venir, d'autant que le gouvernement Édouard Philippe a annoncé ce mois ci 331 millions d'euros de coupes supplémentaires dans le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche. Face à cette contradiction, le gouvernement met sur la table la sélection pour l'entrée à l'université, qu'il entend mettre en place pour la rentrée 2018.
Sources
modifier- ((fr)) – Elsa Sabado, « 331 millions en moins dans le supérieur: l’adieu à la démocratisation de l’université ». Mediapart, 18 juillet 2017.
- ((fr)) – « Admission post-bac : "Le baby-boom ne nous tombe pas dessus à l'instant et rien n'a été fait" ». France Info, 15 juillet 2017.
- ((fr)) – Jimmy Losfeld, « « Le système APB a introduit une double sélection par l’aléa et par l’échec » ». Le Monde, 20 juillet 2017.