Grèce : des retraités décédés percevraient encore une pension

Tandis que le pays est en pleine négociation avec le Fonds monétaire international et l'Union européenne pour recevoir une nouvelle aide financière, la ministre du Travail pointe du doigt un problème évident.

Publié le 7 juin 2011
Des milliers d'euros de pensions de retraite seraient versés à des Grecs décédés depuis longtemps. C'est en tout cas ce que dénonce la ministre grecque du Travail, Louka Katseli. Même si cette dernière annonce en même temps qu'une enquête est toujours en cours pour déterminer si les centenaires touchant leur retraite sont encore vivants, elle n'omet pas de préciser qu'un croisement de données a d'ores et déjà permis de déterminer que le versement d'une retraite avait été maintenu à environ 4 500 fonctionnaires décédés. Ce qui représente tout de même un montant annuel de plus de 16 millions d'euros, selon la ministre qui s'exprime dans une interview au quotidien Ta Néa.

Mais alors à qui profite cet argent ? Tout simplement aux proches qui ne signalent pas toujours le décès de leurs aïeuls. Quoi qu'il en soit, les contrôles semblent manquer de rigueur.

Les réactions politiques ne se sont pas fait attendre notamment à Berlin, où le président du Conseil économique de la CDU[1], Kurt Lauk, déclare au journal Handelsblatt que ces fraudes aux retraites « prouvent la nécessité d'étudier dans le moindre détail les finances grecques avant de verser le moindre centime d'aide » à Athènes. « Les ministres des finances de l'Union européenne seraient bien avisés de ne pas laisser ces contrôles aux seuls Grecs », ajoute-t-il.

Quant au gouvernement grec, il estime qu'une lutte plus efficace contre la fraude permettrait au pays de remplir une grande partie de ses objectifs sans avoir à diminuer les prestations sociales. « La consolidation fiscale sans coût social est possible, pourvu qu'il y ait de la volonté, de la persévérance et de l'efficacité », pour la ministre qui défend par hasard une mesure qui doit être appliquée cette année, et qui prévoit que les salariés de moins de 25 ans recevront un salaire minoré de 20 % par rapport aux accords collectifs et pourront être licenciés sans indemnités durant leurs trois premières années. « Le taux de chômage des 18-25 ans est de 40 % », rappelle la ministre. « La mesure n'a pas pour but de réduire le coût du travail, mais d'inciter les entreprises à créer des emplois pour ceux qui, aujourd'hui, n'ont aucun revenu », explique-t-elle.

La Grèce est engagée dans une période d'austérité exigée par ses créanciers, et la réduction des dépenses du ministère du Travail de huit milliards d'euros en 2012-2015 fait partie de l'une des multiples conditions imposées à Athènes pour recevoir une nouvelle aide.

Notes

Sources