Italie : Renzi démissionne suite à l'échec de son référendum
Publié le 5 décembre 2016
Dès l'annonce des résultats du référendum qu'il a lui même convoqué, le Président du Conseil italien Matteo Renzi a annoncé sa démission. Quelque 59 % des Italiens ont en effet rejeté dimanche 4 décembre les réformes constitutionnelles qu'il proposait, un désaveux bien plus fort qu'estimé par les sondages. Le projet prévoyait la réduction des pouvoirs du Sénat afin d'éviter des blocages institutionnels. En dehors des critiques de fonds, Renzi a aussi souffert de ses faibles résultats économiques.
- Un rejet massif
Les résultats définitifs du référendum du 4 décembre 2016 montrent un verdict sans appel : environ 59 % des Italiens ont rejeté les réformes proposées alors que la participation était élevée (65,5 %). Les sondages prévoyaient ce rejet, mais à hauteur de seulement 54 % en moyenne. La réforme était soutenue par le Parti démocrate de centre-gauche au pouvoir et les formations centristes. Elle était dénoncée par la gauche, la droite et surtout le Mouvement 5 étoiles qui mène l'opposition. Les réformes rejetées visaient à réduire les pouvoirs du Sénat alors que l'Italie connait un régime de bicamérisme égalitaire : l'Assemblée nationale comme le Sénat doivent approuver chacun les lois et le gouvernement. Ce système avait engendré plusieurs crises institutionnelles. Ses membres auraient été réduits à seulement 100 et seraient nommés au lieu d'être élus. Les régions les moins riches du sud du pays ont massivement rejeté la réforme, à hauteur de 72 % pour la Sardaigne et la Sicile notamment. Seules trois régions ont approuvé à un faible score le projet, dont la Toscane d'où est originaire le chef du gouvernement.
- Le pays plongé dans l'incertitude
Le Président du Conseil des ministres Matteo Renzi a alors immédiatement démissionné, bien qu'il continuera pour le moment à gérer les affaires courantes. Alors qu'il avait justement mis son poste dans la balance, il espérait se relégitimer avec ce scrutin qu'il a convoqué pour éviter les crises institutionnelles dont son parti a eu à pâtir par le passé. Il est lui même arrivé au pouvoir en février 2014 à la suite d'un renversement interne au sein du Parti démocrate qui dirigeait le pays depuis un an déjà. D'abord populaire, Renzi est dans un premier temps légitimé par les bons scores de son parti aux européennes de 2014 puis par les régionales l'année suivante. Mais sa popularité a été progressivement entachée par de faibles résultats économiques. La croissance reste faible, peinant à atteindre 1 %, et le chômage n'a que très peu baissé, se situant à 11,7 % dont 36,4 % parmi les jeunes. Ses réformes libérales, visant à « flexibiliser » le marché du travail notamment, ont été particulièrement critiquées.
Le président de la République italien Sergio Mattarella va désormais devoir consulter les formations politiques pour former un nouveau gouvernement. S'il échoue, des élections législatives anticipées seront appelées, alors que le Parti démocrate au pouvoir et le Mouvement 5 étoiles sont au coude-à-coude dans les sondages.
Sources
modifier- ((fr)) – Amélie Poinssot, « Italie: Renzi démissionne après un non massif au référendum ». Mediapart, 5 décembre 2016.
- ((fr)) – Andrea Fumagalli, « « Jobs Act », le grand bluff de Matteo Renzi ». Le Monde diplomatique, juillet 2016.
- Page « Italie » de Wikinews. L'actualité italienne dans le monde.