Le grand-maître de l’Ordre de Malte contraint à la démission par le pape François

Publié le 28 janvier 2017
Le grand-maître de l'Ordre de Malte, Matthew Festing, normalement nommé à vie, a démissionné ce mercredi 25 janvier après y avoir été contraint par le pape François. La démission sera entérinée samedi et un lieutenant intérimaire sera nommé afin de préparer l’élection de son successeur.

Matthew Festing

Cette démission est le dénouement de près de deux mois de tensions entre l'ordre et le Vatican, après que ce dernier a ordonné une enquête interne. L'Ordre avait refusé cette enquête, arguant de sa souveraineté, et les deux institutions ne se parlaient depuis plus que par communiqués acides.

Ces tensions s'inscrivent aussi dans un contexte conflictuel entre le pape et certains secteurs de l'Église qui critiquent la politique menée par ce dernier, en particulier sur les thèmes récurrents de la famille et des remariages de divorcés. Selon Alain de Tonquédec, vice-président de l’association française des membres de l’Ordre de Malte, « l’Ordre est une victime collatérale de la relation difficile entre le pape et le cardinal Raymond Burke ». Ce dernier, ultraconservateur, virulent critique du pape, avait été, en 2014, écarté de la curie par ce dernier et est depuis représentant auprès de l’Ordre de Malte, poste essentiellement honorifique.

L'acte à l'origine de ces tensions est survenu le 6 décembre dernier. Selon La Croix, en cette journée du 6 décembre, Fra Matthew Festing avait exigé la démission de son grand chancelier, l’Allemand Albrecht von Boeselager. Ce dernier a refusé d'obéir et Festing l'avait alors démis de ses fonctions.

Selon The Tablet, cette éviction aurait été motivée par la distribution de préservatifs à des personnes porteuses du VIH afin de prévenir des contaminations, à une époque où Boeselager était responsable des questions humanitaires de l’organisation. Ce dernier aurait, par courriel, expliqué avoir été limogé car jugé trop « libéral ».

Ce limogeage intervient également au moment où le frère de Boeselager a été nommé au sein du conseil d’administration de la Banque du Vatican, qui est en plein assainissement après avoir été, ces dernières années, victime de scandales. On note aussi que Raymond Burke était présent lors de ce limogeage.

Ainsi, le 22 décembre, le pape avait demandé à une commission, composée de cinq prélats et présidée par l’archevêque Silvano Tomasi, ancien observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies, d’enquêter sur l'éviction de Boeselager. Le lendemain, l’Ordre avait, dans un communiqué, déclaré cette décision « inacceptable », estimant que l'éviction était « un acte de gouvernement interne de l’Ordre souverain de Malte et, par conséquent, relev[ant] uniquement de sa compétence ».

Le 10 janvier, Ordre a publié un nouveau communiqué « en réponse aux activités menées par un groupe nommé par le secrétaire d’État [numéro deux] du Vatican », y affirmant « l’insignifiance légale de ce groupe » et son intention de ne « pas coopérer avec lui ». Le 17 janvier, le Vatican riposte en réaffirmant sa « confiance » au groupe nommé par le pape « afin de l’informer » et dénonce « toute tentative de discrédit » contre ses membres. Il prie aussi l’Ordre de coopérer.
Festing accusait, quant à lui, des membres de la commission d’être liés à « un fonds [situé] à Genève ».

Le problème ne s'est résolu que par cette démission.


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