Le président soudanais Bachir toujours en liberté après une visite au Kenya

Publié le 29 août 2010
L'actuel président soudanais Omar Hassan el-Bechir, sous le coup de deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), le premier émis en mars 2009 pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis sept ans, le second en juillet dernier pour génocide, s'est rendu vendredi à Nairobi où il a assisté à la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution kényane, qui avait été adoptée le 4 août lors d'un référendum. Le Kenya, ayant pourtant ratifié le statut de Rome instituant la Cour pénale internationale, a choisi de ne pas arrêter le premier chef d'État en exercice à être sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Le président soudanais dont le nom ne figurait pas sur la liste officielle des chefs d'État attendus à la cérémonie de promulgation, a été accompagné sur les lieux par le ministre kényan du Tourisme Najib Balala.

Omar el-Béchir

La Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Catherine Ashton a pourtant demandé vendredi au Kenya d'arrêter le président accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. « La Haute représentante de l'Union européenne est préoccupée par la visite du président Omar Hassan el-Bechir au Kenya, pays qui a ratifié le statut de Rome instituant la Cour pénale internationale », peut on lire dans un communiqué du service de presse. « Elle rappelle la nécessité pour tous les États membres de l'ONU de respecter les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies », souligne le document. Mme Ashton a instamment demandé au Kenya « de respecter ses engagements contractés dans le cadre du droit international, d'arrêter et de traduire en justice les personnes inculpées par la CPI ».

De son côté, le Kenya explique avoir accueilli Omar el-Béchir « en tant que voisin ». « Le président Béchir est ici parce que nous avons invité tous nos voisins et que c'est un voisin », a déclaré à la presse le ministre kényan des Affaires Étrangères Moses Wetangula. Les présidents du Rwanda, d'Ouganda et des Comores ont également assisté à la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution du pays. Le Kenya s'était par ailleurs engagé en mai dernier devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève à « coopérer pleinement » avec la CPI sur les violences post-électorales en 2007 sur son territoire et à assurer la protection des témoins. Mais le Kenya est épaulé par l'Union africaine qui juge contre-productifs pour la paix au Darfour les mandats d'arrêt et demande à ses membres de ne pas arrêter Bachir.

Quant au président des États-Unis Barack Obama, il s'est estimé « déçu » que le Kenya ait reçu le président soudanais « au mépris des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale », indique un communiqué de la Maison Blanche. Né aux États-Unis de père kényan, M. Obama a également félicité les Kényans pour la promulgation de leur nouvelle Constitution. « L'adoption et la promulgation historiques de la Constitution représente une étape importante et démontre l'engagement des dirigeants et du peuple kényan pour un avenir d'unité, de démocratie et de justice pour tous ». « Avec cette Constitution, les Kényans montrent l'exemple à toute l'Afrique et au monde », a estimé le dirigeant américain. Aux États-Unis, des militants de l'ONG[1] de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, dont le siège est à New York, avaient d'ailleurs également appelé les autorités kényanes avant l'arrivée du chef de l'État soudanais à « l'arrêter ou à l'empêcher d'entrer » dans le pays. Pour HRW, la ratification par le Kenya du statut de Rome lui « fait obligation de coopérer avec la CPI et donc d'exécuter les mandats d'arrêt » et que le fait d'« accueillir el-Béchir remettrait en question l'engagement du Kenya à coopérer avec la CPI dans son enquête au Kenya ».

Notes

Voir aussi

Sources



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