Sénégal : Abdoulaye Wade candidat à un second mandat présidentiel

Publié le 26 février 2007
Cinq millions d'électeurs sénégalais étaient appelés aux urnes, dimanche 25 février 2007, pour le premier tour de l'élection présidentielle.

Localisation du Sénégal

Outre l'actuel président de la Répubique, Abdoulaye Wade, qui brigue sa réélection dès le premier tour, quatorze candidats sont en compétition, parmi lesquels seuls l'ancien Premier ministre Idrissa Seck et le candidat socialiste Ousmane Tanor Dieng semblent en mesure de pouvoir inquiéter « le Vieux » (en wolof : gorgui, sobriquet courant du président sortant).

Scrutin et perspectives

 
Carte du Sénégal

Les bureaux de vote, qui avaient ouverts à 7 heures du matin pour une durée de dix heures, sont finalement restés ouverts, dans certains endroits, jusqu'à 22 heures, en raison de longues files d'attente qui s'étaient formées à l'extérieur.

Aucun résultat fiable n'est attendu avant lundi en fin de journée. Les premiers résultats partiels, qui portaient sur environ 60 % des bureaux de vote situés dans la capitale (Dakar) et plusieurs grandes villes (Fatick, Matam, Podor et Thiès), semblaient indiquer que le président sortant pourrait l'emporter dès le premier tour, Abdoulaye Wade étant crédité, selon ce dépouillement partiel, d'environ 55 % des voix.

L'éventuelle victoire dès le premier tour du président sortant était contestée dès avant le scrutin par ses deux principaux adversaires, qui parlaient d'un possible recours à une fraude massive organisée par le pouvoir et envisageaient, dans le cas d'un second tour, de mettre sur pied un vaste coalition anti-Wade pour faire échec au « lièvre » (en wolof : njomboo, autre surnom donné au président sortant).

Quel que soit le nom du président émergeant de la présente élection, le vainqueur ne sera cette fois élu que pour un mandat de cinq ans. En 2001, le président Wade avait en effet fait adopter une réforme de la constitution, prenant effet à partir de 2007, qui instaurait d'une part quinquennat au lieu du septennat et, d'autre part, la limitation des fonctions de président de la République à deux mandats consécutifs.

Abdoulaye Wade

Abdoulaye Wade, aujourd'hui âgé de 80 ans, avait été élu, le 19 mars 2000, pour un mandat de sept ans, battant le président sortant socialiste Abdou Diouf [1], successeur de Léopold Sédar Senghar, « père fondateur » du pays.

Abdoulaye Wade s'est présenté tout au long de la campagne comme le candidat de la continuité, annonçant son intention de « s'employer à consolider les acquis et à achever les chantiers en cours » et son ambition de « poser de nouveaux actes forts pour davantage répondre à la demande sociale ».

Il concluait sa profession de foi par ces mots : « Le prochain quinquennat, pour lequel je sollicite vos suffrages, sera pour moi celui d’un engagement indéfectible à poursuivre l'œuvre déjà entamée, pour définitivement installer le Sénégal sur la voie de l'émergence. »

Un des principaux reproches adressés au président sortant par plusieurs de ses opposants a concerné sa politique qui, selon eux, créerait de nombreux laissés pour compte, dont témoigneraient les accords bipartites entre le Sénégal et l'Espagne, prévoyant le rapatriement au Sénégal des migrants sénégalais échoués sur les plages des îles Canaries.

Des incidents avaient éclaté, jeudi 22 février, dans un quartier de Dakar, opposant des partisans du président sortant Abdoulaye Wade à ceux de son ancien dauphin Idrissa Seck. Ces incidents avaient fait dix blessés et, les esprits semblant un peu échauffés dans le pays, quelques craintes se font jour sur leur possible réédition en cas de réélection de M. Wade dès le premier tour.

Idrissa Seck

Idrissa Seck, âgé de 47 ans, était initialement un protégé d'Abdoulaye Wade. Il avait été maire de Thiès et secrétaire général du Parti démocratique sénégalais, la formation politique ayant soutenu M. Wade lors de l'élection présidentielle de 2000. Après un bref passage comme ministre d'État dans le gouvernement de Mme Mame Madior Boye, il avait été nommé Premier ministre le 4 novembre 2002 et était considéré comme le « dauphin » probable du président.

Celui-ci l'avait toutefois limogé le 21 avril 2004, avant que la justice ne vienne à le mettre en cause pour son rôle dans l'affaire dite « des chantiers de Thiès », ce qui lui avait valu une incarcération à la prison centrale de Dakar du 23 juillet 2005 au 7 février 2006. Le parlement sénégalais, dans une motion de mise en accusation adoptée le 31 juillet 2005, avec une majorité contestée (69 voix au lieu des 72 nécessaires selon certains constitutionnalistes), l'avait renvoyé devant la Haute Cour de justice, sous de nombreuses incriminations, dont détournements de fonds, corruption, faux et usage de faux, ainsi que pour de supposées atteintes à la sûrété de l'État. Il avait finalement bénéficié de non-lieux sur ces incriminations, au début de l'année 2006.

Il avait annoncé sa candidature à la succession d'Abdoulaye Wade moins de deux mois après sa libération, le 4 avril 2006, appelant à la formation d'une coalition d'union nationale pour gouverner le pays après son éventuelle élection, et mettant entre autres l'accent sur une nécessaire réduction du train de vie de l'État, à l'indépendance de tous les organes de contrôle de l'État vis-à-vis du pouvoir exécutif, sur la mise en vente de l'avion présidentiel et la suppression des dépenses de prestige, sur la réduction des disparités entre les différentes régions du pays. Il avait conclu son message final aux électeurs sénégalais, le 20 février dernier, en estimant entre autres que « rien ne sauvera ce pays si ce n'est la vérité, c'est-à-dire une claire, lucide, poignante et pathétique conscience de son abaissement ».

Ousmane Tanor Dieng

Ousmane Tanor Dieng, âgé de 58 ans, diplômé en droit international et en droit public et ayant suivi un cursus diplomatique au sein de l'École nationale d'administration sénégalaise, a servi de nombreuses années dans l'administration des présidents Lépold Sédar Senghor et Abdou Diouf avant d'entrer en politique, en 1988, en devenant membre du bureau politique du Parti socialiste sénégalais. En 1993, il était devenu, dans le gouvernement d'Abdou Diouf, ministre d'État, ministre des Services et des affaires présidentiels, avant de prendre la tête, en 1996, du Parti socialiste, au poste de Premier secrétaire. Depuis cette date, il est également un des vice-présidents de l'Internationale socialiste.

Il avait mis l'accent, au cours de sa campagne, sur la nécessité d'une « démocratie consensuelle » ancrée sur la concertation, la délibération, la recherche du consensus.

Il avait affirmé avant le scrutin que, selon lui, « il est totalement impossible qu'Abdoulaye Wade puisse passer au premier tour ».

Notes

Sources

Sources francophones
Sources anglophones



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