Science : Un « trou noir » déjà sur Terre

Publié le 24 novembre 2008
Les trous noirs dans l'espace inquiètent de nouveau les scientifiques. Des astronomes de l'observatoire européen ESO[1], au Chili, ont détecté récemment des éruptions provoquées par un trou noir se trouvant au centre de notre Galaxie. Par bonheur, celui-ci est situé à 2 600 années lumière de la Terre. Sa masse est estimée à 3,7 millions de masses solaires. « Avaler » notre planète à la moindre occasion ne lui poserait donc aucun problème.

Nous avons cependant nous aussi notre « petit trou noir » - artificiel il est vrai. Des physiciens américains sont parvenus à élaborer un simulateur de trous noirs, qu'ils ont baptisé « Black Max »[2]. Ce « Maxime » artificiel pourra simuler les régions existant dans l'espace où, quel que soit le corps tombant dans sa zone, le champ gravitationnel est si puissant qu'il apparaît impossible de lui résister.

Lors des expériences de grande ampleur prévues au milieu de l'année de 2009 sur le Grand Collisionneur de hadrons LHC[3], construit non loin de Genève, le programme informatique « Max noir » permettra, enfin, de confirmer ou d'infirmer la théorie de l'apparition et de la disparition des trous noirs.

D'autre part, en résolvant l'énigme des formations cosmiques superdenses, on pourrait répondre directement à des questions fondamentales que se posent les hommes sur l'origine de l'Univers lui-même et de la vie sur Terre. Il faut dire que depuis les années 40 du siècle dernier, des physiciens américains et européens tentent de créer de puissants accélérateurs de particules élémentaires pour simuler les processus affectant les trous noirs dans l'espace.

En Europe, ce processus a été ralenti par la Seconde guerre mondiale. Mais les États-Unis, eux, ont considérablement avancé, en développant pendant la guerre la construction de gros accélérateurs de particules. L'accent a été mis, ce faisant, non pas sur l'organisation de certaines expériences, mais sur la création de grands centres scientifiques spécialisés, avec des équipes fortes de dizaines, de centaines de chercheurs et ingénieurs.

Dans l'Europe d'après guerre, par ailleurs, aucun état n'a été en mesure de mener sérieusement des recherches théoriques et une activité concrète dans le domaine des hautes énergies. Une solution est apparue en 1950, quand le Conseil de l'UNESCO a adopté une résolution recommandant la création d'une organisation paneuropéenne pour la recherche scientifique. Moins de trois ans plus tard, 12 pays signaient la convention sur la création du CERN[4].

Les espoirs placés dans ce travail collectif se sont avérés pleinement justifiés. Les premiers résultats ont été le collisionneur de protons ISR[5], mis en service en 1971, et le supersynchrotron à protons-antiprotons SPP[6], lancé en 1981. Ce dernier a permis de prouver la théorie unifiée des interactions électromagnétiques.

En 1996, les Européens ont construit et mis en service le LEP[7], puissant accélérateur d'électrons-positrons grâce auquel une énergie de collision des particules de 90 GeV a pu être obtenue. Cette installation, qui a fonctionné jusqu'en 2000, a été le prototype de l'actuel LHC.

Selon les estimations, le LHC, de par la quantité d'énergie qu'il pourrait permettre d'atteindre lors de la collision de flux d'électrons et de protons, sera 30 fois supérieur au collisionneur d'ions lourds RHIC[8] que construit actuellement le laboratoire de Brookhaven, aux États-Unis.

Quelques mots, maintenant, sur le danger que pourraient présenter des expériences de simulation des processus d'apparition de trous noirs dans le LHC. Je ne comprends pas d'où peuvent provenir de pareilles craintes. Car la physique moderne sait depuis longtemps déjà que les trous noirs disparaissent nécessairement avec le temps. Les grosses formations cosmiques en quelques milliards d'années, et les trous noirs « miniatures », en quelques fractions de seconde.

Si bien que les « mini monstres » superdenses créés artificiellement au sein du LHC n'auront pas le temps de nous faire des misères.

Cet article reprend la totalité ou des extraits de la dépêche de l'agence de presse RIA Novosti intitulée
«  Un "trou noir" déjà sur Terre » datée du 21 novembre 2008.
Notes


Avertissement : Le contenu de l'article ci-dessus, reflète l'avis de son auteur, Andreï Kisliakov, mais en aucun cas celui de Wikinews soumis à la neutralité de point de vue.

Sources



  •   Page « Espace » de Wikinews. L'actualité de l'espace et des lancements.