Six nouveaux secrétaires d'État font leur entrée au gouvernement français

Publié le 18 mars 2008
Au surlendemain de la défaite électorale subie par la majorité présidentielle lors des élections municipales françaises, le Président de la République Nicolas Sarkozy et son Premier Ministre François Fillon ont procédé à un remaniement de l'équipe gouvernementale en place, en y intégrant six nouveaux venus. L'annonce, faite peu avant 20h00 (heure française) par un communiqué de presse, précise également que 12 ministres et secrétaires d'État voient leurs attributions élargies ou modifiées et qu'un membre du gouvernement, Christian Estrosi, secrétaire d'État chargé de l'Outre-mer, le quittait pour se consacrer à plein temps à la mairie de Nice qu'il vient de remporter.

Les six nouveaux membres du gouvernement Fillon


Ont été nommés :

Les personnalités nommées appartiennent toutes à l'UMP, Yves Jégo et Nadine Morano étant considérés comme des sarkozystes de la première heure, ou à la mouvance centriste Nouveau Centre, avec Christian Blanc et Anne-Marie Idrac. Aucune personnalité de gauche n'a été nommée, ce qui semble constituer un coup d'arrêt à la politique dite d'« ouverture » de Nicolas Sarkozy, fortement critiquée par une partie des membres de sa formation politique.

Retour de la Famille, Paris s'affiche dans les préoccupations gouvernementales

Plusieurs commentaires ont été faits par les chroniqueurs et hommes politiques sur ces nouvelles entrées, mettant parfois en opposition les résultats obtenus lors des dernières élections, Hubert Falco ayant emporté au premier tour Toulon, alors que Nadine Morano n'arrivait qu'en troisième position à Toul, pour indiquer que si le premier devait probablement sa nomination à cette victoire, la seconde semblait plutôt relever des fonctions occupées au sein de l'UMP (à l'instar d'Yves Jégo). Ces mêmes commentateurs ont souligné également la (re-)création de deux secrétariats d'État : l'un consacré à la Famille, qui pourrait satisfaire les associations familiales ayant critiqué l'absence de charge ministérielle consacrée dans les précédents gouvernements Fillon, l'autre consacré à la « Région capitale » - autrement dit le Grand Paris.
Ce dernier sujet est l'objet de divergences d'opinions prononcées entre, d'une part la droite et la gauche, et d'autre part au sein même de l'UMP et du gouvernement. L'évolution de la ville de Paris (et de sa couronne urbaine) est l'un des points évoqués par son maire réélu Bertrand Delanoë lors de la dernière campagne municipale, qui souhaite la création d'une structure de coopération intercommunale, et fait également l'objet de l'attention de Nicolas Sarkozy, qui prône le regroupement de Paris avec une centaine de communes, et qui avait annoncé lors d'un discours de « s'impliquer personnellement » dans ce projet. Le président socialiste de la région Île-de-France, Jean-Paul Huchon, a commenté la création de ce secrétariat, et la nomination de Christian Blanc avec qui il travailla pour Michel Rocard, en déclarant : « je n'ose croire que la seule leçon que le président tire du scrutin, c'est qu'il faut déjà préparer les régionales de 2010 avec un secrétaire d'État qui n'aura qu'une obsession: affaiblir la Région et la Ville de Paris ». Au sein de l'UMP, les deux candidats à la présidence de la région pour les élections de 2010, Yves Jégo et Roger Karoutchi, divergent sur la façon de mener le projet présidentiel, le premier préconisant une solution législative, le second de passer par un « syndicat mixte ouvert ».

Élargissement des attributions - changements des intitulés de fonctions

Les modifications des attributions concernent les ministres et secrétaires d'État suivants (en italique les ajouts aux titres ou modifications):

  • Jean-Louis Borloo, ministre d’État, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire.
  • Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi. Le ministère perd l'intitulé Finances, tout en restant en charge de celles-ci.
  • Brice Hortefeux, ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire.
  • Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales, de la famille et de la solidarité.
  • Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative.
  • Laurent Wauquiez, secrétaire d’État chargé de l’emploi, auprès de la ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi. Précédemment porte-parole du Gouvernement.
  • Luc Chatel, secrétaire d’État chargé de l’industrie et de la consommation, auprès de la ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi. Il devient également porte-parole du Gouvernement.
  • Éric Besson, secrétaire d’État chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique.
  • Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants, auprès du ministre de la défense. Précédemment chargé de la Coopération et la Francophonie.
  • Hervé Novelli, secrétaire d’État chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des services. Précédemment « Secrétaire d’État chargé des Entreprises et du Commerce extérieur ».
  • Alain Marleix, secrétaire d’État à l’intérieur et aux collectivités territoriales, auprès de la ministre de l’intérieur, de l’outre mer et des collectivités territoriales. Précédemment Secrétaire d'État à la Défense, chargé des Anciens combattants.
  • Bernard Laporte, secrétaire d’État chargé des sports, de la jeunesse et de la vie associative.

On pourra noter la prise en charge du développement de l'économie numérique par Éric Besson, et la prise en charge de l'industrie et de l'emploi par Christine Lagarde. Cette dernière, comme les autres membres du gouvernement battus lors des municipales, n'a donc pas subi les conséquences de la défaite électorale de dimanche dernier, les commentateurs politiques soulignant qu'un changement des titulaires des ministères principaux à trois mois de la présidence française de l'Union européenne pouvait s'avérer très problématique, en terme de suivi des dossiers d'une part, et de communication vis-à-vis des autres partenaires européens d'autre part.

Voir aussi

Sources