Syrie : la France désignée comme « ennemi » du régime

Alors que l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien semble se confirmer, Bachar el-Assad jouit de la division de la communauté internationale.

Publié le 4 septembre 2013
Bachar el-Assad l'assure, l'État syrien ripostera en cas d'attaque de la France. Alors que la déclassification de notes des services du renseignement français, qui a eu lieu lundi 2 septembre, accuse clairement le régime syrien d'être à l'origine de l'attaque chimique du 21 août dernier, la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) et la direction du renseignement militaire (DRM) accablant le régime : « L’attaque du 21 août ne peut avoir été ordonnée et conduite que par le régime » « le régime syrien a délibérément franchi un seuil », le président Assad avait pris les devants dans une interview exclusive au journal Le Figaro en niant, une nouvelle fois, toute utilisation d'armes chimiques.

Les intérêts français menacés en cas d'intervention

Plutôt dans la journée de lundi Bachar el-Assad avait demandé au secrétaire général de l'ONU « d'empêcher toute agression contre la Syrie ». Le président Assad s'est montré par la suite plus menaçant, notamment à l'égard de la France en affirmant qu'en cas d'intervention militaire « il y aura des répercussions [...] sur les intérêts de la France. » Le président de la République française se montre néanmoins rassurant et affirme que toutes les dispositions pour faire face à ces menaces avaient été entreprises.

La menace d'une guerre régionale

Le dirigeant syrien promet une « guerre régionale » en cas d'intervention en Syrie car « le Moyen-Orient est un baril de poudre et le feu s'en approche aujourd'hui ». Israël affirme d'ors et déjà être en mesure affronter seul ses ennemis. « L'Etat d'Israël est serein, sûr de lui » a annoncé le chef du gouvernement israélien, Benjamin Netanyahu qui se dit prêt « à tous les scénarios imaginables ». Le ton très ferme employé par l'état d'Israël n'est pas dirigé uniquement vers le régime de Bachar el-Assad, il prend en compte la problématique plus complexe du nucléaire iranien dont l'interdiction par la communauté internationale perdrait tout son sens et son autorité en cas de non intervention punitive pour l'usage d'armes chimiques en Syrie.

Les opinions publiques occidentales mitigées

L'éventuelle intervention en Syrie n'obtient qu'un soutient mitigé des opinions française et américaine. Le Royaume-Uni contraint par sa chambre des communes d'abandonner toute action militaire en Syrie, la coalition occidentale se réduit désormais aux seules armées américaine et française. Le vote au congrès américain, le 9 septembre prochain, sera sans doute l'élément déterminant pour une intervention en Syrie. En cas de refus du Congrès la France se retrouverait isolée et l'hypothèse d'une intervention se révélerait très improbable, le président français, François Hollande précisant qu'en cas de refus du Congrès américain la France « prendrait ses responsabilités en soutenant l'opposition [syrienne] », tout en insistant sur la nécessité d'une unité de l'Union européenne.

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L’inquiétude de l'ONU face à une intervention punitive

Le secrétaire général de l'organisation des nations unies, Ban Ki-moon, se dit inquiet d'une intervention punitive en Syrie et met en garde la France et les États-Unis en rappellant que l'usage de la force ne pouvait se faire dans un cadre légal qu'en cas de légitime défense ou de décision du conseil de sécurité. Il demande au deux pays de prendre en compte une dimension politique pour le règlement du conflit syrien plutôt qu'une intervention uniquement miliaire et rappelle la nécessité de « réfléchir aux conséquences de toute mesure punitive sur les efforts destinés à empêcher la poursuite du bain de sang et à faciliter une résolution politique ». Mais Barack Obama, a déjà déclaré depuis samedi qu'il n'est « pas inquiet à l'idée d'agir sans l'approbation du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a été jusqu'à présent totalement paralysé et impuissant à tenir Assad responsable de ses actes ».

Du coté de l’enquête des inspecteurs de l'ONU à Damas, Ban Ki-moon refuse toujours de se prononcer sur un usage d'armes chimiques mais précise qu'il s'agirait d'un « crime de guerre atroce » si les accusations se révélaient véridiques. Les éléments à charges ont été ramenés à La Haye à l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques pour y être analysés et dont les conclusions ne devraient pas être connues avant trois semaines.

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L'enjeu du G20 de Saint-Pétersbourg

Le G20 qui s'ouvre à Saint-Pétersbourg en Russie jeudi 5 septembre s'annonce délicat, si le sujet officiel est la santé de l’économie mondiale et la crise économique des pays émergents, nul doute que la situation actuelle en Syrie prendra le dessus. De l'aveu même d'un certain nombre de pays participants la crise syrienne sera bien le sujet discuté en priorité malgré les tentatives de la Russie, pays présidant ce G20, de ne pas aborder ce sujet, le ministre des Affaires étrangères russe répète à qui veux l'entendre que « le G20 a été créé pour résoudre les problèmes économiques et financiers » et précise que la Syrie « ne figure pas à l’agenda du sommet de Saint-Pétersbourg ». Si Barack Obama a confirmé sa présence, après avoir précédemment annulé un déplacement à Moscou dans le contexte de l'affaire Snowden, aucune rencontre bilatérale n'est prévue entre les deux grandes puissances. Les relations restent tendues entre la Russie et les États-Unis, un exercice militaire mené conjointement par Israël et les États-Unis, avec l'envoi de deux missiles Blue Sparrow en mer, a conduit le pays de Vladimir Poutine à donner immédiatement l'alerte après avoir détecté cet envoi.

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4 septembre 2013

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