Turquie : Présidentielle et manifestation pour la laïcité

Publié le 29 avril 2007
Comme nous l'avions écrit mercredi dernier, le parti majoritaire AKP désigne M. Abdullah Gül comme candidat à l'élection présidentielle de Turquie, seulement ce parti est soupçonné d'être anti-laïc si ce n'est islamiste et la majorité des Turcs sont très attachés à la laïcité entamée par M. Mustafa Kemal Atatürk fondateur de la Turquie actuelle.

L'état-major de la très puissante armée turque a donc réagit vendredi en rappelant être très attachée à la laïcité au point qu'elle la défendra par les armes face à un gouvernement anti-laïc comme elle l'avait déjà fait par le passé (coups d'états militaires 1960, 1971, 1980 et 1997 en rendant ensuite le pouvoir au peuple).
Seulement, et pour la première fois dans l'histoire de la Turquie, le gouvernement a riposté en rappelant que l'armée « demeure sous les ordres du Premier ministre » et qu'il est intolérable que l'armée puisse dire de tels propos dans une démocratie.

Aujourd'hui, c'est la rue qui a répondu au gouvernement puisque, d'après les chiffres de la police, plus d'un million de personnes ont manifesté à Istambul leur attachement aux principes de la laïcité républicaine et de la démocratie en brandissant des drapeaux turcs et des portraits à l'effigie d'Atatürk. Le principal slogan était « Ni charia, ni coup d'État - Turquie pleinement démocratique ».

Le processus électoral n'est, quant à lui, pas bloqué, même si M. Gül n'a pas eu la majorité des deux tiers à la Grande assemblée nationale de Turquie nécessaire au premier tour, lors du troisième vote, il lui suffira d'avoir la majorité simple pour être élu, ce qui lui sera acquis sans difficulté puisque son parti a déjà cette majorité simple.

Néanmoins, conscient de la crise, M. Gül a déclaré aujourd'hui qu'il attendrait la décision de la Cour constitutionnelle puisque le principal parti d'opposition a demandé l'annulation du premier tour, rappelant son attachement à la laïcité turque et sa volonté d'accéder à la fonction présidentielle. La presse de ce matin était quand a elle unanime et appelée à faire marche arrière afin de trouver une solution pacifique à cette crise. « Ne réduisez pas en ruines ce pays » plaidait le quotidien très populaire Aksam écrivant aussi qu'« un grand danger attend la Turquie » si une solution pacifique n'était pas trouvé. Sabah, un autre journal a fort tirage rappelait que « Le laïcisme est, bien sûr, un des piliers de la société turque, mais la démocratie en est un aussi ».

Sources