Burkina Faso : l'armée prend le pouvoir après une journée d'émeutes

Publié le 30 octobre 2014
Le 22 octobre dernier le gouvernement du Burkina Faso émettait l'hypothèse d'une modification de la constitution, par voie parlementaire, afin de permettre à Blaise Compaoré, président du pays depuis 27 ans, de pouvoir se présenter à un 5e mandat. Blaise Compaoré avait déjà fait modifier la constitution par deux fois afin de se maintenir au pouvoir. Le vote de modification de l'article 37 de la constitution, article empêchant le président actuel de se représenter, devait avoir lieu aujourd'hui. Ce vote ne laissait guère de doute quant au résultat, le président bénéficiant d'une majorité aux trois quarts à l'assemblée nationale.

Blaise Compaoré en 2014.
Localisation du Burkina Faso.

Alors que depuis le 28 octobre des manifestations se tenaient dans le pays, les événements d'aujourd'hui ont pris une ampleur beaucoup plus grande. Dès 10 heures du matin, heure locale, la situation devenait très tendue aux abords de l'Assemblée nationale, alors que le vote de révision de la constitution devait se tenir. Les manifestants réussissent à pénétrer à l'intérieur une demie heure plus tard, provoquant la fuite des députés par une porte de secours derrière le bâtiment.

Dans le même temps des manifestants font irruption au siège de la télévision d'état, la RTB-télé, et saccagent les locaux, la RTB-télé cesse d'émettre.

À 10 h 45, le porte-parole du gouvernement burkinabè, Alain-Edouard Traoré, annonce l'annulation du vote concernant la révision de la constitution. Peu de temps après, l'Assemblée nationale s'embrase. Dans la deuxième ville du pays, Bobo Dioulasso, le siège du parti au pouvoir ainsi que plusieurs domiciles de responsables politiques sont en feu.

À Ouagadougou, autour du palais présidentiel, les manifestants affrontent les forces de l'ordre et des chars effectuent des tirs de sommation. L'aéroport de Ouagadougou est également fermé.

Peu avant 14 heures, c'est au tour de la radio nationale d'être saccagée et de cesser d'émettre. Une heure plus tard, l'opposant Bénéwendé Sankara affirme que l’armée burkinabè s’est « « soudée avec le peuple » contre le président Blaise Compaoré. Le nom de Kouamé Lougué, un général à la retraite et ancien ministre de la Défense commence à être cité parmi les manifestants, deux heures plus tard, Kouamé Lougué annonce qu'il est prêt à prendre la tête des manifestations.

À 17 h 30, le président annonce la dissolution du gouvernement et déclare l'état de siège dans le pays. Vers 19 heures, les manifestants se rassemblent place de la Nation à Ouagadougou. En parallèle, le chef d'état-major des armées burkinabè, Gal Honoré Traoré, annonce la dissolution de l'Assemblée nationale, la création d'un organe de transition pour diriger le pays et instaure un couvre-feu entre 19 et 6 heures dans l'ensemble du pays.

La situation du président Blaise Compaoré reste confuse à l'heure actuelle. Il refuse de démissionner et assure qu'il ira jusqu'au bout de son mandat. Tard dans la soirée, il suspend l'état de siège du pays.

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