France : questions autour d'une mise en examen de Benoît Hamon

Publié le 12 mars 2017
En décembre dernier, le candidat du PS à la présidentielle, Benoît Hamon, a fait l'objet d'une mise en examen pour « injure publique ». Le silence des médias à ce propos indigne l'extrême droite depuis début mars. Ainsi, pour Jérôme Rivière, membre du comité stratégique de la campagne de Marine Le Pen : « Pas de flash info, ni émotion, ni colère de la presse... Ah oui, il est candidat du système. ». Le parallèle avec les affaires concernant François Fillon ou le Front national ne serait cependant pas si évident.

L'information avait dans un premier temps été relayée par des sites d'informations locaux (Normandie-actu ou Le Réveil normand) du fait des origines normandes de Nicolas Miguet, cible des « injures » d'Hamon. Elle a ensuite été reprise par des sites néo-conservateurs et d'extrême droite comme Dreuz.info, Le Salon beige, TVLibertés, ou encore Breizh-info. Pendant la campagne des régionales, en novembre 2015, Hamon avait dénoncé le soutien de Nicolas Miguet à Valérie Pécresse en Île-de-France en tweetant : « L'escroc Miguet roule pour Pécresse. Votez #AvecBarto. ». Miguet, président du Rassemblement du contribuable français et homme d'affaires controversé, avait alors porté plainte contre Benoît Hamon pour « injure publique ». Hamon, qui a depuis remporté la primaire de la gauche, avait alors été mis en examen pour « injure publique » le 7 décembre 2016.

Miguet, quant à lui, s'insurge et fait sans hésitation le parallèle avec les affaires concernant le FN et les Républicains. « Même si je n'ai pas la prétention d'être le nombril du monde, je note que, le concernant, la justice va moins vite que dans les dossiers qui concernent Marine Le Pen et François Fillon. Il y a une justice à deux vitesses », fustige-il.

Cette mise en examen ne serait cependant qu'une question de procédure. En effet, en cas d'injure publique ou de diffamation présumée, la mise en examen est systématique. Il a suffi de confirmer que Benoît Hamon est bien l'auteur des propos litigieux, ce qui a été très simple, le tweet étant encore en ligne.

L'avocate de Benoît Hamon précise d'ailleurs à Libération que Nicolas Miguet a invoqué l'injure publique et non la diffamation. « Pour attaquer Hamon en diffamation, la procédure pénale aurait exigé de lui qu'il rapporte la preuve que l'injure à son encontre était fausse », explique-t-elle. Mais Nicolas Miguet avait été, en 2014, condamné à 600 000 euros d'amende par l'Autorité des marchés financiers, pour cause de conflits d'intérêts. Or, la procédure pour injure publique n'entraîne pas de débat sur la véracité des propos incriminés, permettant ainsi une mise en examen automatique.


 

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