Guerre en Ukraine : l'AIEA va rester à la centrale nucléaire de Zaporijjia

Publié le 8 septembre 2022
Alarmée par de graves atteintes à la sécurité de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, l'Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s'y est déplacée pour en constater les dégâts. Située en zone d'occupation russe à Enerhodar, la centrale ne devait être inspectée pendant qu'une seule journée. Finalement, l'inspection de la centrale par les agents de l'AIEA dont l'Ukraine et la Russie sont membres, a été prorogée.

L'équipe de l'AIEA dirigée par Rafael Grossi (au centre) à l'aéroport international de Vienne le 29 août 2022.

Le 4 mars 2022, neuf jours après le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février, la centrale ukrainienne a été capturée par la Russie. L’Autorité de sûreté ukrainienne a déclaré que le tir d'un char russe a mis le feu à un bâtiment de formation de la centrale, mais qu'aucune fuite radioactive n’a été détectée. Craignant un second Tchernobyl, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et Rafael Grossi, le directeur de l'AIEA ont déclaré que ce qu'ont fait les Russes, n’était pas acceptable. Préoccupé par la situation, l'AIEA, instance de l'ONU, n'a pas accès à la centrale, alors que le 1er mai, l’Agence France Presse (AFP) a pu visiter la centrale et constater que les bâtiments des réacteurs n'avaient pas de trace de tir ou de bombardement tandis que le bâtiment de formation était calciné et de nombreuses fenêtres avaient explosées.

Les occupants russes ont exigé que l'Ukraine paye l'électricité produite par la centrale sinon la centrale « tournera pour la Russie ». Début août, les employés ukrainiens opèrent toujours dans la centrale contrôlée par l'armée russe. L'envahisseur russe a endommagé plusieurs lignes électriques en préparant la réorientation de la production électrique de la centrale vers son réseau. La centrale fournissait 20 % de l'électricité de l'Ukraine.

« Les militaires russes présents dans la centrale nucléaire de Zaporijjia mettent en œuvre le programme de [l’opérateur russe] Rosatom visant à raccorder la centrale aux réseaux électriques de Crimée. »

— a alerté le président de l'agence publique ukrainienne de l'énergie nucléaire (Energoatom), Petro Kotin, à la télévision ukrainienne.

Le 5 août, la centrale est de nouveau bombardée, obligeant l'arrêt d'un réacteur. Kiev accuse Moscou de bombarder la centrale afin de poursuivre son invasion, ce que dément Moscou. Le lendemain, l’AIEA a jugé que les informations en provenance de Zaporijjia étaient de « plus en plus alarmante ».

Le 29 août, l'Ukraine a lancé sa contre-offensive dans le sud de l'Ukraine pour reprendre les territoires occupés par les russes, dont la centrale. Partie de Vienne (Autriche) le même jour, une équipe de quatorze inspecteurs de l'AIEA, est arrivée à Kiev pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le 31 août, à Vienne, le représentant de la Russie auprès de l'AIEA avait déclaré que Moscou accueillait favorablement la présence de l'AIEA. Les autorités russes ont précisé qu'elles limitent l'accès de l'équipe à la centrale et pour une durée d'un seul jour. Après neuf heures de route, le convoi de l'AIEA est arrivé dans la ville de Zaporijjia toujours sous contrôle ukrainien. Le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, a expliqué que la mission de son équipe est de « commencer immédiatement à évaluer la situation en matière de sûreté et de sécurité » afin d'établir une présence permanente à la centrale de Zaporijjia « pour stabiliser la situation et obtenir des informations régulières, fiables, impartiales et neutres sur la situation sur place ».

L'Ukraine a demandé à la Russie d'arrêter de bombarder la route menant à la centrale. Le chef de l'administration ukrainienne de Nikopol, Ievguen Ievtouchenko, a accusé les Russes de bombarder la ville d'Enerhodar, proche de la centrale, pour donner l'impression à l'AIEA que c'est Kiev qui bombarde leurs environs.

Le 1er septembre, l'arrivée des inspecteurs de l'AIEA a été retardée de plusieurs heures en raison de bombardements dans et autour de la ville voisine de Enerhodar. Kiev a accusé Moscou de bombarder la route empruntée par l'AIEA. L'Ukraine et la Russie se sont tout deux accusés l'un et l'autre. Pour leur sécurité, les journalistes ukrainiens et internationaux n'ont pas été autorisés par les policiers et militaires ukrainiens à suivre les inspecteurs dans la zone occupée par les russes.

Après avoir vu des éléments clés de la centrale, neuf inspecteurs, dont Rafael Grossi, sont revenus à Vienne, tandis que cinq membres de l'équipe sont restés surveiller la centrale. Le 2 septembre, l'ambassadeur de la Russie auprès des institutions internationales à Vienne a déclaré que deux inspecteurs de l'AIEA resteront en permanence à la centrale nucléaire de Zaporijjia.

Pendant la nuit du 2 au 3 septembre, les russes ont « bombardé la ligne de contact et réalisé vingt attaques aériennes », a déclaré l'état-major de l'armée ukrainienne, tandis que l'armée de l'air ukrainienne a réalisé « quarante sorties ». Le ministère russe de la défense a accusé l'Ukraine d'avoir tenté vers 22 heures (heure de Paris) un assaut amphibie pour prendre le contrôle de la centrale.

Les combats et les bombardements se sont poursuivis le 3 septembre. L'agence publique ukrainienne de l'énergie nucléaire, Energoatom, a déclaré que les bombardements russes ont provoqué l'arrêt du cinquième réacteur de la centrale, ne laissant plus que le sixième réacteur en fonctionnement. L'AIEA a déclaré que la centrale a pour la seconde fois « perdu la connexion » au réseau électrique mais que le combustible nucléaire de la centrale est refroidi « grâce à une ligne de secours ».

Dans son rapport publié le 6 septembre, l'AIEA a exigé la cessation immédiate des activités militaires à proximité de la centrale.

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